Petit texte ...
Un petit texte, comme ça, parce qu'on peut avoir des petites envies de flirts, des petites envies de séduction, et que comme la réalité ne suit pas forcément nos envies, il faut bien trouver un moyen de combler nos frustrations ....
......
Celle
que j’aime, elle revient les yeux un peu cernés et l’odeur de piscine lui colle
tout de même à la peau.
Elle a le sourire un peu las de ceux qui ont fait un bel
effort, et ses cheveux sont encore mouillés sous le gel. Elle porte son sac sur
l’épaule et prend sa fille par la main, et elle s’en va avec un petit signe de
la main et un clin d’œil.
Celle
que j’aime, je la croise parfois dans le magasin de ma copine, elle porte un
parfum un peu désuet, vieillot, elle achète son thé russe, elle rougit quand
elle m’aperçoit. Elle porte son sac sur l’épaule et prend sa fille par la main
et quitte la boutique avec un petit signe de la main et un clin d’œil.
Celle
que j’aime, je la vois de temps en temps dans la rue, riant avec une amie, des
petites rides autour des yeux, cette chaleur dans le regard, dans ses gestes.
Sa main qui se pose avec douceur sur le bras de l’autre, ou qui remet une mèche
en place autour du visage de sa fille. Et puis elle porte son sac sur l’épaule,
prend sa fille par le main et dit au revoir d’un petit signe de la main. Mais sans clin
d’œil.
Celle
que j’aime, elle est venue à un de mes spectacles, légèrement maquillée, elle a
ri, elle a souri, elle m’a regardé dans les yeux, elle m’a applaudi. Et puis,
elle m’a attendu, mais j’ai trop tardé, alors elle a porté son sac sur l’épaule,
pris sa fille par la main et elle est partie sans petit signe de la main, sans
clin d’œil. Mais avant de refermer complètement la porte elle s’est retournée
une dernière fois.
Quand je retourne chercher ma fille, j'ai beau rester de longues minutes sous l'eau chaude, j'ai toujours les yeux marqués et l'odeur du chlore sur la peau. Je lui souris pour cacher la fatigue et
pour qu’il ne voit pas que mes cheveux sont encore mouillés et tiennent mal
sous le gel. Je m’éclipse vite et avant de qu’il ne comprenne mon embarras, je
porte mon sac sur l’épaule, prends ma fille par la main, lui fais un petit
signe et un clin d’œil et je m’en vais.
Je le croise parfois à la boutique
de son amie. Elle est belle, jeune et soudain mon parfum, mon thé et son regard
à lui sur moi semble me vieillir. Je rougis à l’idée de ce qu’il pourrait
penser. Je porte mon sac sur l’épaule, prends ma fille par la main, lui fais un
petit signe et un clin d’œil et je quitte l’échoppe.
Parfois, en ville, quand je suis
avec une amie, que je ris, que je me sens libre de tout regard, je me surprends
à souhaiter qu’il me voit, que ce bras que je sers soit le sien. Mais quand
vient l’heure, je porte mon sac sur l’épaule, prends ma fille par la main, fais
un petit signe de la main et m’éloigne de cette amie sans un clin d’œil.
Une fois, je suis allée à son
spectacle. Un peu de maquillage, un autre parfum, j’ai pu le regarder, lui
sourire et rire, sans que ce soit suspect. Je l’ai attendu, mais il n’est pas
venu, alors j’ai porté mon sac sur l’épaule, pris ma fille par la main et sans
un petit signe, sans un clin d’œil, je suis partie. Je me suis retournée une
dernière fois et j’ai fermé la porte.
Celle que j’aime, un jour je lui
prendrais la main, un jour je lui dirais que son parfum me plait, un jour
j’irai nager avec elle, un jour je ferais autre chose que de courir à travers
la pièce pour lui dire au revoir et la regarder partir.
Lui, un jour, je lui dirais
« tu », je lui dirais qu’il a du talent, un jour je lui sourirais
sans avoir peur de ce qu’il pense, un jour peut être je ne partirais pas.