L'âge ingrat ...

Il y a des passages durs à l'adolescence ...
Pour les parents, j'entends.
Pour les enfants, bien sur aussi, mais bon, ma crise à moi date un peu et là, juste, je subis la sienne d'adolescence.

Alors je vous entends d'ici dire, "oh t'exagère, elle est cool la tienne. Et puis t'en as qu'une ..."

Je vous arrête tout de suite, l'argument du nombre ne tient pas.
On ne force personne à se reproduire, il me semble qu'il n'y avait de revolver sur la tempe d'aucune de mes connaissances quand ils ont eu la fabuleuse idée de dire " Chéri(e), si on en faisait un autre ..."
Quant au "elle est cool", je ne peux pas vous contredire bien sur, parce qu'effectivement, 95% du temps, elle est plutôt sympa mon adolescente.
Elle fume pas (encore), ne se drogue pas (encore), ne se saoule pas (encore) ... elle bosse au collège, fréquente des demoiselles plutôt sympathiques et inoffensives (une du clan a tout de même fait son exposé sur les cupcakes ... pour vous dire la dangerosité de la bestiole ...).

Mais soyons honnête aussi ... les 5% qui restent sont pas piqués des vers.
Entre les grandes angoisses existentielles (la vie, la mort, la guerre, les petits enfants exploités ...), les montées d'hormones (les mecs, les mecs des copines, les potes, les allusions des mecs), les changements (les poils, les  soutiens-gorges, le bouton ... juste un à la fois, petit, dans un coin, qu'on voit pas) et l'envie de vivre sa vie parce que tu comprends pas maman mais c'est super important en fait ... (de quoi tu me parles ... et ben de ma coupe de cheveux !!), bref entre tout ça, il faut savoir garder le sourire, son calme, relativiser mais pas trop, temporiser mais pas trop, envoyer chier mais pas trop mais tout de même un peu (et soyons honnête encore une fois, je maîtrise surtout la dernière partie, la toute dernière partie ...).

Et à tout ça ... il faut ajouter un p'tit truc auquel nous n'avions absolument pas pensé.

Une équipe de profs investis.
Un mal me direz-vous en ces temps de baissage de bras parental et professoral ?
Non, bien sur, pas un mal, c'est génial toute cette énergie mise au profit de ces bambins à la fois lymphatiques et surexités (ce qui donne un mélange fascinant mais un brin effrayant), c'est formidable ces mises en place de projets auquel adhèrent nos jeunes pourtant parfois motivés comme des poulpes à marée basse.
Mais ce qui est plus enquiquinant, c'est quand cette joyeuse équipée de jeunes enseignants organise une journée à Paris et vous annonce sourire aux lèvres "Rendez-vous à 6h20 à Perrache et retour à 23h30 à Debourg!"

Oh bordel.
Excusez mon vocabulaire mais je suis debout depuis 5h du mat, j'ai subi les bavardages incessant de la demoiselle dès son lever (c'est à dire 3 secondes après le "c'est l'heure ..." que je lui ai murmuré à l'oreille, ce qui est vexant quand on sait que les autres jours j'ai le temps de prendre ma douche avant de la voir émerger des couettes),j'ai eu le droit à l'inventaire du sac à dos, je me suis tapée les questions de dernières minutes et les grandes interrogations existentielles (qui donc, ça se confirme, n'ont pas d'heure pour débarquer), je suis passée chercher la voisine du dessous qui fait partie du voyage, j'ai pris le tram entourée de parents aussi bien réveillés que moi et d'ados aussi bien réveillés que ma fille (je suis sure que vous saisissez la nuance entre les deux "réveillés"), j'ai dit bonjour aux professeurs qui à 6h25 en gare faisaient moins leur malin devant la centaine d'ado en pleine forme ...

Et après trois thés pas assez noirs à mon goût j'envisage d'aller bosser avec des gamins de moins de trois ans (et donc excités de nature...)

Moi, je vous le dis, l'adolescence est un âge ingrat ...