Le deuil ...
Je m'aperçois que le deuil recouvre bien des façons de faire.
Ma tante se rapproprie un lieu, en fait le sien. Elle change, métamorphose l'univers connu de ces dernières années, elle fait peau neuve, elle mue pour aller de l'avant.
Elle garde une nostalgie, mais refuse de vivre dans le souvenir et considère que la cinquantaine peut être un début à tout.
Ma mère est dans le rangement, le tri.
Elle jette ce qui l'encombre. En partie effrayée par le ménage qu'elle a du faire dans l'appartement de sa mère. En partie pour trier, garder l'essentiel, conserver ce qui importe, ce qui compte.
Elle anticipe, elle ne veut pas reproduire.
Je m'aperçois que mon deuil se fait sans moi.
Je me suis beaucoup inquiétée de la peine de ma fille qui avait perdu une arrière grand-mère aimante, soucieuse de son confort, de son épanouissement.
Je me suis interrogée sur la suite que donnerait ma tante à sa vie. Concernée par ses coups de blues. Par ses coups de cœur.
Je me suis retournée sur ma mère et le chemin qu'elle emprunte pour accepter le vide et la vie qui s'écoule inexorablement.
Moi, j'ai mis deux alliances de plus à mon annulaire gauche.
Partie coquetterie.
Partie souvenir.
Partie d'elle en moi.
Mais je n'ai pas encore affrontée ma peine.
Elle passe de temps en temps, m'effleure mais ne s'appesantit pas.
J'attends, elle va pointer le bout de son nez.
Elle va me prendre par surprise.
Mais je crois que j'ai trop regardé les autres et que la peine s'est lassée de patienter.
Elle repassera, comme l'empereur, sa femme et le petit Prince ...
Quand ...