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Dans les herbes folles
11 août 2010

Simon, ...

La suite ...

 

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J'ai 20 ans.
Je m'appelle Maé.

Simon, le chat et moi, ça me parait une autre vie.
Il est parti étudié loin.
Moi, j'étudie de la maison.

Lui, le doux de la nature dans la grande ville avec la belle Mélanie.
Ça m'assassine un peu à chaque fois que j'y pense.
Il rentre certains week-ends.
Nous passons nos soirées à parler de tout, de rien, à se confier, tous les deux au fond du canapé.
Une certaine complicité retrouvée.
Mais il y a quelque chose qui flotte entre nous.

Tripatouille mène sa vie de chat. Il est une sorte de parrain de la mafia féline des environs. La vieille Fargeton le traite de bête du diable. Ça amuse beaucoup Tripatouille. Le papi Denis est mort depuis un moment déjà. Tripatouille a passé une semaine à traîner dans son jardin ... Une âme en peine. il est venu avec moi à l'enterrement.

Je continue de grimper aux arbres. Je me baigne dans la rivière glacée. Je dévale les pentes avec mon vélo. Je me laisse courtiser. J'étudie. La maison est vide, peut être encore plus qu'avant. Seuls des amants de passage font du bruit parmi les meubles. Il ne restent jamais longtemps, à quoi bon.

Le cabanon est à l'abandon. Aucun enfant n'est venu l'investir. S'inventer des aventures dans les bois.



J'ai 20 ans.
Je m'appelle Simon.

Je suis partie dans la grande ville. Mélanie m'a pris par la main et je me suis laissé faire. Au milieu du bruit, de la course, j'essaie de trouver mes marques. Il n'y a plus d'arbres, de champs, de rivière.
Je rentre de temps en temps. Je la retrouve, Elle.

Elle, elle est restée là-bas, dans la grande maison vide. Je vais la voir quand j'y retourne. Elle me raconte sa vie, les arbres, le village, Papi Denis qui est parti. On rit comme deux mômes, comme avant, on se retrouve. Parfois, j'aperçois un pull, un tee-shirt d'homme. Elle vit sa vie. Je vis la mienne.

Elle me raconte aussi Tripatouille en deuil dans le jardin de Papi Denis, en colère devant la sorcière. Son règne en seigneur et maître sur le territoire.

Je ne vais plus me promener dans les bois. La cabane est complètement à l'abandon. Pas de vadrouilleurs, pas de casse-cous, pas d'aventuriers pour reprendre le flambeau.

Maé, le chat et moi, c'est une autre vie.


J'suis plus tout jeune.
Je m'appelle Tripatouille.

Je me promène partout comme chez moi. Tout le monde me connaît. Personne ne m'ennuie. Le vieux monsieur du jardin est parti. Ça a fait sourire la vieille revêche. Je l'ai attendu longtemps sur le banc au soleil mais il n'est pas revenu. Maé m'a emmené au cimetière, elle m'a expliqué.

Maé, elle, elle est restée dans la grande maison au milieu de ses livres, de ses feuilles, avec moi couché dessus. Des hommes passent parfois, ne restent pas, me parlent pas. Elle court toujours, nage toujours, rit toujours, grimpe encore aux arbres. Mais elle soupire aussi.

Simon, lui, il est dans la grande ville, loin des arbres, des rivières, de la lumière et de son rire. Il rentre parfois. Ils parlent tous les deux sur le canapé des heures durant. Simon, avant de partir, il me souffle à l'oreille de prendre soin d'elle. De sa Maé. Dans le ton, dans le choix des mots, je sens le dilemme. Le déchirement.

Le cabanon est à l'abandon. J'y retourne histoire de montrer à tout le monde qu'on ne peut pas s'y aventurer comme ça. Mais sans mes comparses, c'est plus tout à fait pareil.

Maé, Simon et moi, on fait bande à part.

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